Physiologie et physique

Il était une fois

Emmeline naquit dans la ville de Londres, un treize août il y a maintenant dix-huit ans. Elle est fille unique et grandit auprès de ses deux parents jusqu’à l’âge de six ans. Elle avait alors eu la chance d’avoir un père aimant et protecteur, lui et Emmy étaient fort complices et cette dernière adorait son humour. Sans doute était-ce normal de ressentir tout cela durant la petite enfance, il était sans doute aussi normal qu‘un père soit aussi indulgent et gentil à l‘égard de sa petite fille. Puis sans prévenir, un jour, il disparut. L’absence de son père pesa lourd sur les deux jeunes femmes, bien que sa mère semblait lui cacher quelque chose… Elle semblait savoir pourquoi le père de sa fille était parti, pourtant elle fut malade de chagrin des années durant sans que rien n’ait jamais pu l’apaiser. La maison devint soudain trop grande pour deux personnes, même si elle l‘avait toujours été en quelque sorte. Emmy n‘était pas une enfant gâtée et pourtant elle avait tout pour l‘être. Sa mère était issue d’une riche famille et Emmy n’avait jamais manqué de rien, sauf d’un père. Pendant longtemps elle crut qu’il les avait abandonné et elle lui en voulut énormément, souhaitant même ne jamais recroiser sa route. La raison de cette colère était due à la soudaine maladie de sa mère, survenue lorsqu’elle n’avait que neuf ans. Son état se dégradant chaque année, la petite fille dut s’installer chez son oncle. Mais rien ne changeait dans sa vie, elle allait à l’école comme toutes les petites filles de son âge et avait des amies ici et là. Elle vécut une enfance tout de même mouvementée, elle n’avait jamais eu l’occasion d’être naïve ou innocente, elle avait été confronté à la dureté de la vie très tôt. Puis lorsqu’elle perdit sa mère trois ans plus tard, elle devint froide et distante avec son entourage. Elle se croyait maudite pour avoir tant de malchance, devenue orpheline à l’âge de douze ans… Un malheur lui tombait dessus tous les six ans, que lui arriverait-il à dix-huit ans ? Jusqu’à ce qu’elle entre au lycée, elle était devenue studieuse et ambitieuse pour son avenir, elle voulait rendre sa mère fière d’elle depuis là-haut. D’ailleurs, elle portait son pendentif autour du cou, avec à l’intérieur, une photo de ses parents et d’elle encore bébé… Il y avait son père sur cette photo, mais elle l’avait tout de même gardée. Elle se disait que, peut-être, son père n’était pas parti pour rien. Désormais jeune fille, elle comprenait certaines choses de la vie et croyait, un peu naïvement, que ses parents s’étaient seulement séparés et qu’à l’époque, sa mère n’avait pas voulu la blesser en lui disant la vérité. Ainsi après la mort de sa mère, Emmy se mit en tête de rechercher son père. Elle avait effectué quelques recherches, mais n’avait étrangement rien trouvé. Elle ne renonça pas pour autant, même si elle étudiait en parallèle, et tenta de s’informer auprès de son oncle -le frère de sa mère-. Il ne lui avait rien apprit qu’elle ne savait déjà, mais elle gardait l’espoir qu’un jour, il réapparaîtrait.

Et puis un jour, alors qu‘elle était en Première, elle fit la rencontre d‘une jolie blonde appelée Samantha qui avait, elle aussi, perdu son père il y a des années. Disparu, parti sans jamais n’avoir donné de ses nouvelles. Le hasard, ou peut-être le destin, les avait fait se rencontrer et elles devinrent finalement amies. « Toi aussi, ton père vous a laissé toi et ta mère ? Les hommes de nos jours… j’espère ne jamais tomber amoureuse. » Tels avaient été les mots d’Emmeline à l’égard de son amie. Et en effet, la brune ne restait jamais bien longtemps avec ses petits copains, appelant cela des « amourettes ». Elle ne voulait pas tomber amoureuse et coupait toujours court à ses relations, mais elle savait qu’un jour ou l’autre, inévitablement, l’amour lui tomberait dessus. Tout ce qu’elle ne voulait pas, c’était vivre la même chose que sa mère. Voilà donc deux ans qu’elle était la confidente et meilleure amie de cette jolie blonde qui partageait le même mystère. A côté de cela, Emmy avait l’intention de poursuivre ses études en histoire et littérature médiéval, une passion qu’elle s’est découvert plus jeune. Les légendes Arthuriennes étant ses préférées, mais cela étaient plus des légendes -comme leur nom l’indiquait- que de l’histoire. Toutefois cette époque l’intéressait et elle travaillerait dur pour réaliser ses rêves. Alors que cette année là, elle entrait à l’université, un évènement vint tout chambouler. Un soir, comme tous les autres, elle s’endormit le cœur léger et le sourire aux lèvres, une belle journée l’attendait le lendemain. Comment aurait-elle pu penser qu’une telle chose arrive ? C’était inimaginable et tout bonnement insensé. Mais elle se réveilla bel et bien au milieu d’un champ de blé, loin de son lit et surtout loin de chez elle. Un rêve ? Ou plutôt un cauchemar… Un couple de paysan la trouva et parurent soupçonneux quant à la présence de la jeune femme dans leur champ. Lorsqu’elle leur demanda où elle était, il lui répondirent tout naturellement: « Au royaume de Camelot, mais que faites-vous ici ? » Ce devait définitivement être un rêve, néanmoins elle marcha jusqu’à l’entrée de la ville de Camelot qui n’était qu’à quelques mètres de là. Elle avait atterri aux alentours, par chance. Mais lorsqu’elle croisa tous ces gens habillés comme des paysans, elle se demanda sérieusement si elle n’avait pas été droguée et emmenée au milieu de nulle part ! Mais pourquoi aurait-on fait cela ? Seulement vêtue de sa robe de nuit, Emmy grelottait de froid et chercha un abri ou un bâtiment où elle pourrait se réfugier. Elle choisit d’avancer jusqu’à la cour du château, puis d’y entrer. Malheureusement il n’y faisait pas plus chaud alors elle s’assit sur une marche et attendit…

Elle attendait de se réveiller, de comprendre ce qu’il se passait ou d’être trouvée. Mais les gens allaient et venaient sans l’aborder, ils ne faisaient que la regarder et passer leur chemin. Finalement, après plusieurs minutes recroquevillée sur elle-même, deux jeunes hommes s’arrêtèrent. Vêtus d’une longue cape rouge, ils lui posèrent quelques questions et décidèrent finalement de l’emmener jusqu’au Roi, dans la salle du Trône. On lui accorda une audience de dernière minute, bien qu’elle ne saisit rien de ce qu’ils pouvaient raconter. Laissée seule, livrée à elle-même au milieu d’une grande salle où se trouvaient deux trônes et quelques gens autour, elle resta muette et paraissait confuse. Elle vit alors un homme et une femme magnifiquement habillés, une couronne ornant leur tête et une attitude plutôt solennelle. « Déclinez votre identité ! » lui avait-on crié. Ce fut d’une voix tremblante qu’elle répondit: « Em… Emmeline Landers Monsieur. Je… Vous… ça doit être un rêve… » Elle avait baissé la voix, ne laissant qu’un murmure s’échapper de ses lèvres tandis que plus loin, l’homme à la couronne quitta son siège pour s’approcher de la brune effrayée. « Emmeline Landers ? De londres ? » Comment ?! Elle regarda autour d’elle sans comprendre, d’où cet homme la connaissait ? Puis les portes s’ouvrirent dans un grand bruit, faisant sursauter la plupart des gens présents. « Est-ce vrai ?! … Emmy … » Les yeux de la susnommée s’arrondirent lorsqu’elle reconnut le visage de son père, le même qu’elle gardait dans son pendentif depuis des années. Elle serra machinalement ce dernier entre ses doigts avant de tourner de l’œil, perdant connaissance. Une fois de plus elle se réveilla ailleurs, mais elle était bel et bien dans un lit confortable. Il faisait bon dans la pièce et elle se sentait bien, se souvenant soudain des dernières images de ce rêve étrange… Elle avait tellement espoir de revoir son père qu’elle en avait rêvé, mais d’une façon bien particulière. L’absence de son père avait dû se mêler à sa passion pour l’époque médiéval. Cette hypothèse lui semblait logique jusqu’à ce qu’elle croise le regard inquiet de son père, assis près d’elle. Sa réaction fut immédiate et elle hurla, sortant de ses draps et attrapant le premier objet qu’elle vit. Alors elle constata que les murs étaient de pierre et que les meubles étaient … tout sauf modernes. Ça n’avait pas été un rêve ? Finalement, elle s’était calmée après quelques minutes et son père, ou plutôt Sir Gauvain, lui raconta toute l’histoire. Ce qui n’expliquait toujours pas sa présence dans cette époque, mais cela personne ne pouvait l’expliquer apparemment. Elle découvrit, quelques jours plus tard, qu’elle n’était pas la seule dans son cas. Et ce fut avec une joie immense qu’elle retrouva sa meilleure amie, Samantha, qui avait atterri ici tout comme elle. Elle sut alors de qui elle était la fille et la situation lui parut encore plus incroyable … Était-ce vraiment réel, tout ça ? Voilà quelques semaines qu’elle vivait à Camelot et elle s’adaptait doucement à sa nouvelle vie. Après tout, personne ne lui manquait là-bas. Sa meilleure amie et son père étaient ici, cela aurait pu être bien pire.