Il était une fois
"Mère, raconte moi encore une histoire!", implora la fillette de six ans allongée dans son petit lit, bien au chaud dans ses minces couvertures. Elea, sa mère, leva les yeux au ciel et secoua la tête en souriant avant de se lever. Sa bougie a la main, elle s'approcha du rideau, simple séparation entre la minuscule chambre d'enfant et la pièce principale de la petite maison. "Non Aélis, il faut que tu dormes. Demain une longue journée nous attend...Et puis tu la connais par coeur cette histoire!" Après être retournée sur ses pas pour embrasser sa fille une dernière fois, elle sortit de la pièce, laissant Aélis seule dans le noir. La fillette fit la moue et ferma les yeux. Ce n'était pas de sa faute si depuis petite, elle aimait entendre ces histoire parlant de princes et de princesses, de dragons et de magie. Passionnée et bercée par ses contes, elle avait désespérément envie d'y croire, parce qu'après tout, tout était possible. A l'aube de ses sept ans, la jolie petite blondinette savait que le lendemain elle devrait retourner travailler, aider sa mère avec les récoltes puis faire la cuisine avec elle, mais pour l'instant elle n'avait pas envie d'y penser. Elle voulait juste...Rêver.
"Vite, fuyez! Courrez! Allez vous cacher!" La panique se propageait a travers tout le village. La nuit venait tout juste de tomber et tout le monde se préparait à s'endormir, plongés dans leur petites routines. Mais ce furent les cris et l'odeur puissante de brûlé qui firent sortir la famille d'Aélis de leur maison. Tout le monde courrait, se précipitait vers la forêt, non loin de là pour se cacher. Au début, tout aussi paniquée que les autres, Aélis ne sut quoi faire et se contenta de regarder, le coeur battant et les larmes aux yeux. Sa mère, plus réactive, pris le stricte minimum et la pris par la main, lui intimant de la suivre. Toutes les deux, elle prirent la même direction que les autres femmes et enfants. Sauf qu'il manquait quelqu'un: Son père. Resté derrière, il avait une fourche à la main et se tenait aux côté d'autres hommes, d'autres pères, d'autres maris...Âgée de seulement treize ans mais n'ayant pas froid aux yeux, elle lâcha la main de sa mère et se précipita vers son géniteur pour lui crier de venir avec elle, de ne pas les abandonner. De toute manière c'était peine perdue: Le village tombait en morceau et les bandits avaient déjà presque tout détruit ou emporté. Se battre pour rien paraissait soudainement vain et futile. Mais le père d'Aélis refusa de l'écouter et la poussa loin de la petite bataille qui faisait rage entre les paysans et les voleurs. Ensuite attirée de nouveau par sa mère venue la chercher, la jeune fille eut tout de même le temps de voir par ses propres yeux l'épée du brigand s'enfoncer profondément dans la poitrine de son père. Elle le vit s'écrouler au sol a genoux, avant de tomber face contre terre. Elle vit la flaque de sang qui se rependit, se mélangeant à la boue. Et elle hurla. Elle hurla de toute ses forces, créant un énorme écho à l'entrée de la forêt. Des oiseaux eurent peur et s'envolèrent même. Elle hurla à s'en déchirer les cordes vocales. Et ensuite, tout devint noir. Une fois le jour levé, les voleurs étaient partis avec leur butin, laissant derrière eux des maisons pillée ou calcinées. Le village était sans dessus dessous, presque méconnaissable. Et il y avait surtout beaucoup de morts. De pères, des frères, quelques enfants qui n'ont pas pu s'échapper avec leurs parents. Des adolescents a peine plus vieux qu'Aélis même. En plus de perdre des amis, elle avait perdu son père et ne s'en remit jamais vraiment. Ses parent étant sa seule famille, ses seuls piliers dans le monde entier, elle se sentait seule, comme face a une immense falaise qui ne lui laissait que deux options: Sauter ou reculer. Pour sa mère, elle choisit de ne pas craquer, de ne pas se laisser démonter et fit donc le choix de reculer.
"Aïe!", gémit douloureusement Aélis en tombant à terre, sur le dos. Debout près d'elle, un jeune homme rit et lui tendit la main. Pour la énième fois, elle l'attrapa sans hésiter et se laissa être relevée. Elle se pencha ensuite pour reprendre son épée et passa une main dans ses cheveux maladroitement attachés. "Tu fais des progrès, Aélis", lui dit simplement l'homme en se remettant en position. Elle en fit de même et sourit. "Je sais. Mais je veux faire plus." Là, elle attaqua. S'en suivit un nouveau combat. Depuis la mort de son père, Aélis a bien changé. Elle est devenue une jeune femme et a quinze sept ans, a choisi d'apprendre a se défendre seule. Elle veut absolument être préparée au cas où le village ait a être a nouveau envahi par les voleurs. Là, elle prendrait sa revanche et honorerait la mémoire de son père, mort pour son village, pour ses amis et sa famille. Après tout ce qu'elle avait vécu, Aélis avait compris le sens du mot devoir et voulait un peu plus ressembler a son géniteur qui était finalement un homme plus courageux et sage qu'on ne pouvait le penser. Esquivant brillamment les attaques, mettant en applications ce que son instructeur lui a appri, l'adolescente arrive finalement a le désarmer, le faire chuter et pointa la bout de son épée vers le cou de l'homme. Il rit a nouveau et cette fois ci, lorsqu'il tendit la main, ce fut pour qu'Aélis l'aide, ce qu'elle fit avec plaisir. Voilà plus de deux ans qu'elle s'entrainait avec Chris, qui lui était un ancien soldat. Après de nombreuses années de bons et loyaux services, après avoir participé a énormément de batailles, il s'était exilé dans ce village et connaissait Aélis depuis sa naissance. Il était certes assez âgé, mais se battait encore comme s'il avait une vingtaine d'année et disait a Aélis tout ce qu'il y avait a savoir sur le maniement de l'épée. Jamais personne de censé n'apprendrait a une femme comment se battre, mais lui avait accepté, dieu seul sait pourquoi. "Allez, va te reposer, tu as bien travaillé.", lui dit-il ensuite avant de ranger sa propre épée. Aélis sourit et compris que son ami devait être fatigué après ces heures d'entrainement. Elle le remercia alors et quitta le champs qui servait exclusivement a son initiation. Une fois de retour chez elle, Aélis trouva sa mère en train de préparer le dîner...pour une vingtaine de personnes. Oui, depuis l'attaque, beaucoup sont veufs, veuves, orphelins et ont besoin de soutient. Alors tous les jours, Aélis et sa mère préparent a manger pour tous, signe de leur soutient. Et pour ne pas sombrer également, en se remémorant la propre perte qu'elles ont eut. "Où étais-tu?" Aélis haussa les épaules et posa ses affaires dans un coin et de se laver les mains. "J'étais avec Chris." Elle eut droit a un regard noir de sa mère, qui n'aimait définitivement pas le fait que sa fille apprenne a se battre, a manier les armes. La place d'une femme était selon elle a la maison et non sur un champs de bataille. "Aide moi plutôt avec les légumes au lieu de jouer aux hommes.", répondit simplement la plus âgée. Amusée, Aélis la rejoignit et l'aida. Elle ne comptait pas aller faire la guerre, se battre au quelque chose comme ça...Elle voulait juste, ne plus être faible. Elle voulait juste pouvoir défendre ceux qu'elle aime grâce a la force. Les femmes, selon Aélis, devraient être égales aux hommes sur bien des points, car elles sont tout aussi courageuses et déterminée. Malheureusement, ils sont toujours le sexe fort et elles ne peuvent qu'être belles et se taire. Ca, ce n'est pas trop le truc d'Aélis, qui préfère certes réfléchir, mais toujours agir après!
"Aélis, Aélis!" La jeune femme a présent âgée de dix huit ans, leva la tête et arrêta de balayer l'entrée de sa maison. Aria, l'une de ses plus vieilles amies, arriva en courant, l'air paniquée. "Aria?! Mais qu'est-ce qu'il se passe?!...Eh, calme toi, d'accord?! Respire et dis moi!" Essoufflée et encore plus effrayée, Aria inspira profondément et dit: "C'est ta mère! Elle a fait une mauvaise chute, il faut que tu vienne!" Aélis ne réfléchit même pas, lâcha son balais et suivit son amie jusqu'à la petite maison de leur médecin. Il avait très peu de remède, mais réussissait a guérir les rhumes et les douleurs, le principal. En entrant, Aélis vit tout d'abord sa mère, allongée. C'est après, qu'elle remarqua l'énorme bout de bois logé entre ses côtes. Les larmes aux yeux, elle s'approcha et alla lui prendre la main, assise à même le sol. Sa mère, elle, dormait ou était encore évanouie. "Comment est-ce arrivé?", demanda-t-elle faiblement en ne quittant pas la seule personne qui lui reste au monde des yeux. Ce fut le médecin qui lui répondit: "Nous cherchions des herbes dans la forêt, elle a glissé et a perdu l'équilibre. Elle n'avait pas vu le vide et a fait une chute de quelques mètres. C'est là que la branche s'est plantée dans le ventre..." Sortant de sa torpeur, Aélis se tourna vers l'homme. "Et vous allez la sauver, n'est-ce pas?!" Rien qu'en voyant la tête du médecin, Aélis compris et secoua la tête, les larmes coulant enfin le long de ses joues. "Si on enlève le bois, on risque une grave émoragie. Elle a déjà perdu du sang, et ça pourrait empirer...Je vais tout de même le retirer, essayer de la soigner mais je vais être franc: Les chances pour qu'elle s'en sorte sont minces." Aélis passa une main tremblante dans ses cheveux blonds, comme a chaque fois qu'elle le fait lorsqu'elle est nerveuse et soupire. Elle n'est pas prête a rester seule, à laisser sa mère partir. Mais elle est quand même terre à terre et ne se fait pas trop d'illusions. "Essayez alors." Elle refusa ensuite de partir, souhaitant assister à l'opération pour soutenir sa mère. Ca risquait d'être douloureux et Aélis savait que sa mère aurait besoin d'elle.
"Tu es sûre que tu veux partir?!", demanda tristement Aria en regardant son amie sceller son cheval. Aélis hocha la tête. "Bien sûr. J'étouffe ici, il faut que je...M'éloigne un peu." Elle se tourna ensuite vers Aria et vit l'inquiétude sur son visage. Alors elle sourit pour la réconforter et la rassurer un peu. "Ne t'inquiète pas d'accord, je sais ce que je fais et où je vais." Aria fit la moue. "Tu te rends compte que tu poursuit une chimère, Aélis? Un rêve d'enfant?!" Cela fit rire la jeune femme alors qu'elle hissait son sac sur son épaule. "En quoi c'est mal de rêver, tu peux me dire?! Ce que je poursuit ou non, c'est mon problème. On ne me disais pas capable d'apprendre a me battre et pourtant je suis maintenant prête a faire n'importe quelle guerre." Son amie parut déconcertée. "Je dis ça pour toi, parce que tu es mon amie, Aélis. J'ai peur que tu ne sois déçue. Après tout, Arthur n'est peut-être pas aussi bien qu'on le dit." Mais Aria parlait dans le vide et le savait. Quand on parlait du prince de Camelot, Aélis était complètement fermée, n'écoutait plus rien ni personne. En réalité, a travers les contes et les histoires que lui racontait sa défunte mère a propos d'Arthur, Aélis s'était faite sa propre idée. Elle voyait Camelot comme un royaume dirigé par un prince compétant, fort et qui les conduirait à la paix avec les gens possédant la magie. La paix, l'harmonie, oh ça elle y croyait dur comme fer! Et elle tenait à voir cela de ses propres yeux maintenant que sa mère venait de mourir a son tour, la laissant seule face a ses propres choix, à son destin. "...Fais ce que tu veux de ma maison, je te la laisse. Je sais que tu rêves de t'éloigner un peu de tes parents, alors prends la donc.", se contenta de répondre Aélis avant de venir prendre son amie d'enfance dans ses bras. "Tu feras attention, hein?!" murmura Aria, des sanglots dans la voix. Elle-même émue, Aélis sourit tout de même avant de reculer et de monter à cheval. "Bien sûr, tu me connais!" Puis, avant de partir, elle regarda une dernière fois Aria et dit: "Tu sais, il n'y a rien de mal a courir après ses rêves ou ses envies. Au contraire, ça donne un autre but, plus important que celui de rester chez soi a nettoyer et élever des enfants. Tu devrais essayer." Un dernier sourire, un dernier signe de la main et au galop, Aélis partit pour de bon.
"Aélis! Réveille toi un peu et apporte ça au Roi et a la Reine, veux-tu?!" Poussée par Bree, la cuisine intraitable, Aélis souffla et pris les plat avant de sortir des cuisines. Voilà maintenant plusieurs années qu'elle était arrivée a Camelot et autant dire qu'elle ne regrettait absolument rien! Au contraire, la jeune femme se plait beaucoup ici, sachant que ça bouge tout le temps. A son arrivée, Aélis fut engagée comme simple aide aux cuisines et elle ne quittait pratiquement pas cette immense pièce sauf pour rentrer dans ses appartements. Là, elle était devenue amie avec une autre servante qui elle s'occupait surtout des chambres: Gwen. Ayant presque la même vie, c'est a dire pauvres et orphelines, elles se sont trouvé beaucoup de points communs et sont de ce fait devenues d'assez proches amies. Mais ce que Aélis voyait d'un mauvais oeil, c'était le fait que son amie Gwen soit proche du prince. L'attirance entre eux deux se voyait comme le nez au milieu de la figure et Aélis, tombée elle aussi amoureuse d'Arthur avec le temps, fut bientôt rongée par la jalousie. Et le jour où Gwen devint reine, ce fut presque pire. En réalité, Aélis n'était pas en colère, juste incroyablement peinée et envieuse. Elle aussi voulait sa chance et avait décidé de la tenter alors que Gwen, toujours amie avec elle malgré son haut statut, l'avait nommée servante personnelle. Aélis profita de cette opportunité pour se rapprocher encore plus de Gwen, de devenir en plus d'une amie, une sorte de confidente a qui la reine livre la plupart de ses secrets. Et étant extrêmement proche de la reine du royaume, Aélis l'est également du roi, ce qui la rend déjà bien heureuse. Faute d'avoir plus pour le moment. En réalité, Aélis n'a rien du tout contre Gwen. Au contraire, elle l'aime beaucoup et trouve que c'est une très bonne personne...Sauf que voilà, l'amour qu'elle ressent s'impose de plus en plus en elle. Reste à savoir si ce sera destructeur ou non.
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